Le réalisme fantastique

L'Artiste

 

Biographie
Verlinde et les Institutions
Distinctions
Livres publiés sur Claude Verlinde
Quelques extraits de Préfaces



Au sujet de sa Fresque « Le Miroir »,  Claude VERLINDE déclare :

“ Ce théâtre s’ouvre sur notre temps prolongé dans ses limites.
Le rideau est agité par un vent qui court de gauche à droite (dans l’ombre, le monde était gauche ; à droite, la lumière rectiligne sera fulgurante).

Le mimétisme rassemble les sujets qui ont le carcan de suiveur ; ils restent dans le sillage d’Eole quel que soit l’événement. Le miroir et le vent sont les axes du lieu mais le cerveau en est le point central...
Le mimétisme qui commande les hommes fait que leur unique fenêtre a presque toujours la même orientation ainsi qu’une conception commune solidement orientée. Le citoyen de série ignore ce qui ne lui ressemble pas ou fait mine de l’ignorer.
Les exemples symboliques de l’activité des figurants s’expriment sur un miroir entouré de métropoles ou « Babel » de papier.
Le miroir sur lequel sont les représentants de l’espèce se jouent diverses comédies qui vont du drame à la « Comédia del’arte » ou de la farce au fantastique. Dans « L’Aleph », Luis Borgès évoque aussi le thème du miroir, le monde du dessous qui reflète celui du dessus (l’aleph, première lettre de l’alphabet de la langue sacrée, désigne dans la Cabale le en-soph lieu de la connaissance totale.)
Partant du fait que toutes convictions et choses de l’esprit sont liées à leur contraire, on tient l’activité mentale pour équivoque.
Qu’importe, les cerveaux dominants conçoivent une pensée modèle d’adaptation à l’arbitraire.
On court sur cette piste… chacun veut y prendre place et les médias activent ce mouvement.
Ces « certitudes » en quête de points omégas illusoires et variés, sont en nombre grandissant ; ils compliquent tout en améliorant tout.

Parmi les figurants du miroir, se trouve la « nef des fous » :
•  poème satirique (aberration des sens) de l’ancien Sébastien Brant -1494-
•  nef des fous de J. Bosch, musée du Louvre
Le burlesque de cette image de l’ancien monde vaut pour le nôtre.
Maintenant, la nef a pour mât, une colonne vertébrale et son cerveau soutient le génie de la Bastille, symbole de liberté (Révolution française). Dans la nef, on trouve une trilogie : Liberté, Egalité, Fraternité.
L’embarcation n’a pas de gouverne mais le personnage qui figure la liberté tient le bateau au bout d’une chaine, certain d’être libre et d’aller à son gré.
On comprend aussi qu’il n’y ait d’égalité qu’à l’ombre de la blancheur des os, aussi vrai que la fraternité se vit mieux à distance !

Le visionnaire est sous le miroir, ses yeux dont l’un brille et l’autre pleure ne peuvent se soustraire au spectacle de la folie qui s’active au-dessus de lui.

Le Sphinx
Le questionnement qui précède toute action et lui donne un sens est ici symbolisé par le Sphinx à deux têtes :
•  Faire ou ne pas faire
•  Prendre cette route plutôt que l’autre ?
Il faut lui répondre… Il faut se répondre !
Ce sphinx n’a pas de réalité matérielle, il n’est qu’incitation à l’éveil de la conscience, présente et disponible.
A l’avant du miroir, ce symbole de clarté tente de se faire jour dans les esprits.
Mais si un sujet interrogé est quelque peu absent, indécis, ne disposant que d’une moindre réflexion, le sphinx s’efface et le dormeur part avec le vent !

Sur le miroir, autour de la nef, figurent quelques représentants symboliques d’activités courantes :

L’Ouvrier :
Il est capable de réaliser matériellement ce qui est imaginé par d’autres.

Les Pauvres
D’un côté, la stupidité congénitale, grande difficulté d’engagement devant le sphinx ou de l’autre, le mépris des règles, rôles d’acteurs en détresse dans le tunnel de l’oubli.

Le Meneur
L’orateur, chantre des vertus certifiées, clame que l’ardeur de bon aloi qui ne se précise pas, doit animer le cortège.

Mise aux normes
Pour entrer dans le cortège et bien prendre le vent, il faut écouter l’orateur qui enseigne l’aérodynamisme mental ainsi que l’ouverture au culte des certitudes.

Minos
Le minotaure, créature du roi Minos, est ici devenu le gendarme des sens interdits, fidèle à tous les vents.

L’Armée
Chiens bornés aux portes des pays.

Ceux du bateau
Eternelles clameurs des maigres qui insultent les gras et plus ils sont gras, plus sourds ils sont !

Femme mannequin, autel de Vénus

Mannequin hameçon, symbole de la femme fatale, d’affiche, de parfum, unique, de trottoir, à cornette, en mère, en maison close ou de retraite.

Télévision
Les fenêtres du bateleur télévisuel sont ouvertes au vent d’Uranus.

Les Intellectuels

Détenteurs de matière gris sombre, toujours en tête du cortège, nez au vent de « grande resverie » !

Les Architectes
Autour de leur girouette coincée, bâtissent en nombre sans fin, des cellules pour tous.

Le Conducteur

Rejoindre le cortège sans quitter son fauteuil et rouler avec suffisance, représente la matérialité du sublime.

Le Motocycliste

Dieu de l’Olympe monté sur roulettes !

Le Ballon
Le ballon a recruté le rêve, la légende, le savoir-faire, le talent, l’art, la gloire !
C’est le récipient moderne du Graal !

Les Touristes

Venant d’ailleurs, une escouade d’éberlués et d’indifférents.

Les Valseuses

Tourner et chanter la petite parole dans le « cornet des danaïdes ».

Les Pêcheurs en eau trouble

Vendeurs de « papier-picotin », révélateur de l’élitisme croustillant et des relents de l’arrière-monde.

Les Collecteurs

Ils prélèvent tout ce qui peut être observé, utilisé, entassé, vendu.

Les Croyants
Le croyant se réclame de la source mais il tient distraitement une croix domestiquée par l’autorité épiscopale.

Les « étatours » - les Babel – les Tours
Le papier modère la pérennité de la suffisance. Le vent pousse les feuilles dans la gueule du temps mais les mots parfois s’échappent et résonnent longtemps.
Les écrits qui couvrent le papier des tours concernent leur nature et non l’actualité.

Les inscriptions qui ne sont que « décoratives » déterminent un joyeux mélange des genres. Tout navigue dans un océan de mots agités.
Il faut comprendre que sur cette fresque, les mots ne sont qu’une trame dans laquelle circule comme un fluide absurde mais vital. Cette étrange farce qui détient la face cachée du monde soulève parfois ses jupes et le peintre sous son miroir filtre sa récolte. »

Claude VERLINDE

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« Ce n’est plus le temps des politiques mais celui des prophètes »
Philippe ARIES

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Biographie


Claude VERLINDE est né le 24 juin 1927 à Paris 20ème de descendance flamande par son père.
Très tôt, le professeur de dessin de l’école publique signala à ses parents les dispositions de son élève pour l’art pictural. Il engagera ceux-ci à inscrire leur fils dans une école de dessin.

Son entrée à l’école des Arts Appliqués à l’Industrie fut interrompue par l’occupation allemande car la famille s’exilera à Saint-André s/Orne en Normandie.
Il entrera en qualité d’apprenti-sculpteur dans un atelier de création de motifs religieux, puis sera compagnon du Directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Caen, Monsieur DOUIN (sculpteur) pour la restauration de l’Eglise Saint-Pierre de Caen.
Monsieur Douin, lui-même, dessinait les plans des défenses allemandes formant le mur atlantique et les expédiait à Londres. Il fut fusillé le 6 juin 1944, jour du débarquement.
Abrité dans les mines de fer pendant les batailles du débarquement, Claude Verlinde fera de nombreux dessins sur la vie souterraine dans la mine et des portraits de ses quelques réfugiés.
La maison familiale fut détruite et peu de ces documents pourront être récupérés.

Revenu à Paris après un temps d’incertitudes, un temps d’occupation militaire en Allemagne, il intégrera la galerie des Antiques et l’atelier de SOUVERBIE à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris.
Il fréquentera également les séances de dessin anatomique de la Grande Chaumière.

Le tournant de son aventure picturale se situera le jour où il refuse une situation inespérée comme dessinateur, directeur de chantiers d’installations publiques dans une Société importante, pour peindre librement.

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« Avant donc que d’écrire,
Apprenez à penser. »

Nicolas BOILEAU

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Verlinde et les Institutions


• Achat de tableaux par l’Etat Français (1972)
• Par la Fondation Werner Abbeg (Berne-Suisse)
• Par le Musée de Saint-Etienne
• Par la Mairie de Beauchamp (Val d’Oise) – Salle des mariages

 

Distinctions


• Médaille d’or Salon des ARTISTES FRANÇAIS, 1972
• Lauréat du prix « Signatures », 1966
• Lauréat du prix Meurand, 1974
• Juré du Festival d’Avoriaz, 1981
• Président du jury, 15e Salon de Montmorency, 1982
• Nommé Chevalier ART ET LETTRES, 1989
• Médaille de la ville de BORDEAUX, 1993

 

Livres publiés sur Claude Verlinde


• « Rétrospective Verlinde », Préface d’Emmanuel Le Roy Ladurie, Editeur japonais, 1985
• « Verlinde », Préface de Louis Pauwels, Edition Natiris, 1983
• « Verlinde, Evolution », Préface de François Furet, Montmorency, 1989
• « Verlinde, Peintures et Dessins », Préface de Rémi Ader, Editions Ramsay, 1992
• « Verlinde, Peintures et Dessins », Préface de Patrick Ravignant, Editions Art View Lausanne, 1998
• « Verlinde, Dessins », Préface de Jean Piat, Editions Art View LTD, 2000
• « Verlinde, Dessins », réalisé par Frédéric Daussy, 2000
• « Verlinde, Maître Français de l’Art Visionnaire » Palais Coburg/Vienne – Préface de Michel Random, 2005
• Série de douze phototypies (dessins), Préface de De Fallois, Imprimerie Maeght

Quelques extraits de Préfaces


« Verlinde a su fondre et assimiler à son génie propre, et intégrer aux mentalités torturées de notre époque la performance des vieux maîtres rhénans. Il a su transformer celle-ci en quelque chose qui n’a plus rien d’un pastiche et qui somme toute est profondément sien, profondément lui. »
Emmanuel LE ROY LADURIE, Historien, Professeur au Collège de France
Extrait du Livre « Rétrospective Verlinde », imprimé au Japon, 1985


« Verlinde est flamand. Il en a la puissance. Il en possède la mystique voluptueuse. Sa fête n’a pas les vertus colorées, rubicondes des kermesses anciennes. Elle est inventive, violente, minutieuse autant que rigoureuse. On pense aux primitifs. On parle de Brueghel. Pourquoi pas de Van der Weiden ? On évoque Bosch …. ou Magritte ! On ferait mieux de retenir Verlinde ! »
Jean PIAT
Extrait du « Verlinde, Dessins », Editions Art View LTD, 2000


« Verlinde est-il un peintre moderne ? La question ne se pose pas. Je connais un balcon, à Bruges, qui donne sur l’éternité. De cette nacelle de pierre, la lumière, les arbres, l’arrangement des murs et des toits, le silence prieur abolissent le temps ; Soudain, votre mémoire se révèle infiniment plus longue que votre existence ; Vous êtes un esprit immobile, hiératique, posé au centre du lac où tous les siècles se déversent et se mêlent. Etre un homme d’aujourd’hui habitant ce balcon, il me semble que c’est l’ambition de Verlinde. »
Louis PAUWELS
Extrait du « Verlinde », Edition Natiris, 1983

« J’emprunterai ce mot à Verlinde lui-même. Il a écrit dernièrement dans son carnet de notes : « Pour être traduit en langage de beauté, l’oiseau doit être changé en un autre oiseau, plus oiseau qui lui-même. Et seul, dans mon coin, je me dis que pour y parvenir, il faut se lever vraiment tôt ». Mais nous, nous ne nous coucherons pas avant d’avoir obtenu pour notre ami la gloire qu’il mérite. »
Louis PAUWELS
Extrait du « Verlinde », Edition Natiris, 1983


« Ainsi va la Révolution, masque de l’anxiété, tentative pathétique d’arracher la condition humaine au temps et à la nature. Elle forme à la fois le prétexte et le centre d’un art qui retrouve le plus vieux secret de la peinture : figurer le plus surréel avec le plus quotidien. Sous la simplicité d’une maîtrise d’artisan Claude Verlinde fait naître un monde. »
François FURET, Historien
Extrait du « Verlinde, Evolution », Préface de François Furet, imprimé à Montmorency, 1989


« Lorsque j’ai découvert l’œuvre de Claude Verlinde, il y a quelques années, ma surprise fut gigantesque. Je ne pouvais croire que dans mon propre pays, la France, dans ma propre ville, Paris, ou ses environs, pouvait exister un artiste aussi exceptionnel et d’un tel talent, sans que jamais je n’ai eu l’occasion d’admirer son œuvre. »
Rémi ADER
Extrait du « Verlinde, Peintures et Dessins », Préface de Rémi Ader, Editions Ramsay, 1992